Destination tourisme : et si on arrêtait les fake news à un mois des élections municipales ?

Dans un manifeste publié le 4 février, les syndicats hôteliers demandent aux communes de faire du tourisme une priorité. « Chiche ! » Répondent les plateformes de location saisonnière, réunies au sein de l’UNPLV.

L’objectif affiché – promouvoir le tourisme et assurer des retombées économiques pour les communes – ne peut être que partagé par les membres de l’UNPLV (Abritel, Airbnb, Clévacances, Homelidays, Interhome, Leboncoin, Poplidays, SeLoger Vacances, Amivac, Vacances.com, Tripadvisor). Le tourisme doit être une priorité pour les communes, tant pour les grandes qui vont bientôt accueillir de grands évènements sportifs ou culturels que pour les plus petites pour qui l’apport du tourisme est vital. Il faut également que les futurs élus prennent en compte les mutations de la demande des vacanciers, français comme étrangers : tourisme plus durable, plus authentique, une offre diversifiée et adaptée à tous types de voyageurs.

Fake news, chiffres biaisés un mois avant les municipales…. Le tourisme vaut mieux que ça.

Si l’objectif est partagé, le diagnostic des membres de l’UNPV est très différent de celui des organisations hôtelières qui vient d’être communiqué avec tous les maires de France.

« 80% de locations meublées en France non enregistrées et non déclarées », « 150 millions d’euros de perte estimée de taxe de séjour », « 24 millions d’euros de taxe de séjour collectée par Airbnb », plus de « 2 millions d’annonces sur les plateformes de location meublée »…Ces chiffres sont pour le moins surprenants !

Parler de 2 millions d’annonces est totalement irréaliste ! L’UNPLV, qui regroupe les principaux acteurs du secteur, représente environ 800 000 annonces…

Le chiffre de « 150 millions de taxe de séjour non collectée par les plateformes » est tout aussi fantaisiste. Depuis le 1er janvier 2019, les plateformes de locations de vacances doivent collecter la taxe de séjour applicable pour toute réservation effectuée en ligne, et elles ont déployé des efforts considérables pour mettre en œuvre cette obligation malgré la complexité du système et sa lourdeur administrative. Par ailleurs, en 2019, Airbnb a collecté et reversé à lui seul 58 millions d’euros et non 24 comme affirmé par les hôteliers.

Les plateformes de réservation de locations de vacances transmettent par ailleurs chaque année des états détaillés sur la collecte de la taxe de séjour à chaque commune. La quantité considérable de données transmises (nombre de nuitées, adresse du logement, sommes perçues, dates des séjours, nombre de vacanciers etc.) assure donc une grande transparence et une source importante d’informations pour les communes.

Enfin, affirmer que « 80% des locations meublées en France ne sont ni enregistrées ni déclarées » suggère qu’elles seraient illégales : rappelons que le numéro d’enregistrement n’est obligatoire que dans un nombre limité de communes situées en zone tendue de logement (une trentaine sur 36 000). De plus, y compris dans ces communes, des exemptions existent pour certains meublés. Une annonce sans numéro d’enregistrement n’est pas pour autant illégale. De surcroît, 100% des réservations  sont automatiquement reportées dans l’état récapitulatif de la taxe de séjour qui est envoyé à toutes les mairies par les plateformes. Les villes sont donc parfaitement informées.

Les communes non sujettes à des problèmes de logement n’ont aucun intérêt à mettre en place un numéro d’enregistrement des meublés de tourisme mais au contraire à faciliter une activité qui attire les touristes.

La location de vacances et les territoires… Quelques chiffres essentiels.

Plutôt que de passer du temps et perdre de l’énergie en polémiques stériles, l’UNPLV demande que les maires soutiennent le tourisme et fassent profiter leurs communes des retombées positives, en travaillant en bonne intelligence avec les plateformes de location de vacances afin de faciliter la promotion des destinations touristiques.

Les plateformes membres de l’UNPLV ont déjà mis en place des engagements volontaires auprès du Gouvernement depuis juin 2018 pour catégoriser leurs annonces (résidences principales, résidences secondaires, résidences hôtelières, expliquer à leurs utilisateurs la règlementation correspondante) et bloquer les annonces de résidences principales à 120 jours dans les villes qui ont mis en place le numéro d’enregistrement. Ces engagements ont été mis en œuvre pour renforcer la loi et lutter contre les spéculateurs immobiliers.

La location saisonnière en ligne contribue fortement à la croissance de l’économie touristique locale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 36 millions de nuitées en 2018 dans des hébergements touristiques proposés par des particuliers via des plateformes Internet (Insee Focus n°158 18/06/2019) et une fréquentation en hausse de 15% ! Ce secteur est le mode d’hébergement touristique le plus dynamique du pays. Atout essentiel de la démocratisation des vacances, il répond notamment aux attentes des familles, des groupes d’amis, des étudiants, etc. – autant de publics qui ne seraient pas nécessairement en mesure de séjourner en France s’ils devaient se loger à l’hôtel.

Par ailleurs, la location de vacances étant répartie sur l’ensemble du territoire – 83% de la fréquentation dans ces logements a lieu en régions – elle représente un atout essentiel pour le développement de certaines zones rurales où l’hôtellerie est peu ou pas présente. Elle est aussi une solution indispensable dans les périodes de très forte affluence touristique, que ce soit durant les vacances scolaires ou lors de grands événements organisés en France, qu’ils soient institutionnels, professionnels, culturels ou sportifs. Ces caractéristiques propres à ce secteur en font un levier formidable pour relever les défis de la personnalisation des offres et de la diversification touristique.

Dans les régions qui souhaitent accueillir plus de touristes, soutenir l’économie locale et le pouvoir d’achat de leurs habitants, la mise en place d’une réglementation restrictive serait contreproductive.

Collaborer plutôt que stigmatiser

Le Président de l’UNPLV, Timothée de Roux, rappelle  à ce titre que : « Les plateformes de l’UNPLV seront toujours à l’écoute des villes et des maires, pour promouvoir le tourisme, pour renforcer nos actions contre les spéculateurs immobiliers comme nous le faisons depuis 2018, et pour éviter un glissement vers un marché gris représenté par les plateformes non-transactionnelles, sur lesquelles il n’y a ni collecte de la taxe de séjour, ni déclaration de revenus, ni blocage à 120 jours pour les résidences principales ». Et il ajoute : « Plutôt que de désinformer, tous les acteurs du tourisme devraient travailler ensemble à la promotion des territoires et des villes et au renforcement de l’attractivité touristique de la France ».

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